Pays

 extrait du roman: Parce qu'il n'y a rien de plus fantastique que la vie

 

Pays, un type pas comme les autres

Pays        

Écrit par Jean Claude Pothier     
21-09-2008  
Salut à tous les pisses-vinaigre!



 

    Moi c’est Pays, c’est comme cela que tout le monde m’appelle, et cela aux quatre coins de la terre. Je ne me souviens plus de mon vrai blaze, celui que mon paternel, ou celui qui m’a recueilli, m’a filé. Peut importe d‘ailleurs, depuis le temps. Je ne sais même plus où je suis né, c’est te dire à quel point tout cela je m’en fout. Une chose est sûr, je ne suis pas d’ici. J’ai dû glisser du ventre de ma vieille directement sur le pont d’un navire, ouaih…! Ça t’épate non ? Mon métier c’est la mer, je suis tombé dedans depuis tout petiot je te dis. J’ai commencé, parce qu’il faut bien commencé un jour, comme commis à tout faire sur un rafiot qui prenait l‘eau de tous bord, tu vois le travail. Dans ma jeunesse, j’ai basculé plusieurs fois par-dessus bord, ouaih…! Même que quelques requins sont venus me renifler de trop près les abattis. Tu parles, je leur ai distribué deux ou trois bourre pifs, et ils ont tous de suite compris à qui ils avaient à faire. Aujourd’hui, quand je saute à la baille, c’est pour étrangler de mes pognes un cachalot. J’adore la pêche sportive, et la chair de ces bestioles. J’aime pas trop me vanter, mais faut avouer que je suis l’un des meilleurs capitaines du moment…ouaih !!! C’est balèze non ? Je ne te parlerais pas de mes employeurs qui n’ont pas le pied marin, mais du peuple de la mer du milieu. Eux, ce sont de vrais pros du gouvernail, et bien, ils apprécient mes valeurs, et ont plusieurs fois voulu me débaucher. Mais voilà, moi je suis honnête et fidèle. Quand je donne ma parole à quelqu’un, même si parfois je le regrette après, et bien, je tiens mes engagements. Ça aussi, Pays, tu pourras le demander à qui tu voudras. Ma réputation a fait le tour du monde, d’ailleurs, je suis autant respecté que craint. Ouaih…! T’en reviens pas dis ? Regarde donc mes pognes. Je bourlingue d’une mer à l’autre. Je transporte des tas de choses, du minerai principalement ou bien des armes. C’est l’affaire du moment qui rapporte un max. Ouaih, je fais mon beurre sur le dos de tous ces cons qui s’entretuent aux quatre coins de cette putain de terre, enfin, ce sont mes employeurs qui se gavent. Moi je m’en fout, transporter des glaives ou bien du blé c’est kif kif bourricot. Ouaih…! Avant, les mecs se battaient à coup de gourdin. Y’en avait partout où pousse un arbre, cela allait. Y’en avait pour tout le monde. Puis, après, on a fait les couteaux en cuivre. Là, fallait trouver le minerai. Je vais pas te parler d’un secret, mais je sais où on trouve de l’orichalque…ouaih! C’est vrai, parole de Pays. Bon là n’est pas le sujet, ou j’en étais donc…Ah oui, le cuivre, à l’époque fallait trouver les filons, c’était déjà costaud. Mais maintenant que l’on fond des glaives en airain, faut faire plusieurs mines pour trouver exactement tout ce dont on a besoin. Eh Pays, je t’ai dis que j’aimais la mer, ouaih, ben non! J’aime bien la mer du milieu, et tous les ports qu’il y a autour, surtout les rades, si tu vois ce que je veux dire, après l‘effort le réconfort, c‘est ma devise. La baille, je l’aime bien pour les poissons, mais faut quand même qu’elle soit à température correct, celle du corps par exemple. Ben, je dois être un peu maso, car mes employeurs logent de l’autre côté des colonnes d’Hercule dans la mer d’Atlas ou d’Ar Ur, selon la langue. Moi je m’en fout du nom qu’elle porte, le principal c’est qu’elle soit chaude, et bien non! elle est glacée. Et là où je crèche, cela va encore, mais quand Pays m’envoie chercher de l’étain dans le nord de chez nord, je te dis pas l’angoisse: il caille un max, je me pelle les couilles. Je te parlerais pas non plus de ce brouillard à découper au couteau. Ouaih, si je dois finir comme tout bon capitaine qui se respecte au fond de l’eau, je préfèrerais qu’elle soit chaude. Heureusement qu’après l’effort le réconfort. Chez Pays qui m’emploie, c’est le druide du clan, y’a pas de pinard, mais ils ont d’autres breuvages qui se laissent boire sans vous tuer sur le champs. Comme je dis toujours, faut boire local. Mieux vaut boire de la pisse d’âne dont on est sûr, que du pinard qui a viré vinaigre, et qui de surcroît a été coupé et recoupé avec quelques substances inavouables. Demande à Pays, l’un de mes membres d’équipage. Lui, il sait de quoi je parle. Je l’avais engagé comme cuisinier et intendant de bord. Non, c’est Pays qui l’avait engagé…le druide. Tu suis ou bien t’est à la traîne? Bon, ce soit disant cuistot a plusieurs fois manqué de nous empoisonner. Il n'est pas méchant le bougre, mais dans son domaine, c’est pas une lumière. Alors je te dis pas le soir, quand il commence à faire noir, il se met couleur local, si tu vois ce que je veux dire… non?... Il est aussi noir qu’un équipage après une virée en ville. Bon, Pays était chargé de l’intendance du bord, et de la marchandise périssable. Le rouquin, c’est pas pour nous adoucir la voix qu’on le transporte à notre bord, mais cela sert comme monnaie d’échange avec les peuples du nord. Tu me suis, Dis!... Ou bien tu dors ? On va pas leur offrir de la pisse d’âne en échange de leur camelote, ils en fabriquent déjà. Non, si le blé et l’orge ou quelques babioles ne suffisent pas à satisfaire leur exigence... tu vois comme je cause bien, on dirait Pays…mon boss. On leur offre du divin nectar, c’est comme ça qu’on dit dans le nord. Ils s’imaginent que ce breuvage est fait avec le sang de fabuleux dieux du sud. Ouaih…où j’en étais…t’as pas soif dis…moi causé, ça me sèche direct les amygdales. Ouaih… voilà, ça me revient, Pays….le cuistot…t’es lourd ou tu le fait exprès… il était chargé de surveiller les stocks, y’a toujours des rats sur les navires. Déjà que la boisson avait bourlingué depuis l’autre bout de la mer du milieu. Moi, là bas, j’y suis allé plusieurs fois, et bien, tu vas me croire ou pas, mais le pinard mon vieux, il est extra. On a beau dire ce qu’on voudra, que cette boisson ne supporte pas le voyage, et bien moi je te dis qu’il y a autre chose. Tu vas voir, attends la suite. Où j’en étais resté? Ah oui…Pays…notre cuistot, c’est un cas celui là. On peut bien dire que j’ai toujours une petite soif derrière la gorge à étancher, lui, on ne voit pas quand il est pion. Du moins, il est toujours constant du matin au soir. Je ne sais pas si c’est une tare, mais à jeun, il a toujours ce même air épanoui et cette bouille cramoisie, tu vois le personnage. Moi, j’ai des principes, la biture c’est après le taf. Comme je le dis toujours, après l’effort le réconfort. Ce Pays, c’est pas le méchant bougre, bien au contraire. Il n’a pas eu une vie facile, et dès qu’il vous là raconte, tu vois Pays, je suis pas du genre à pleurnicher comme une pleureuse professionnelle sur la dépouille d‘un célèbre inconnu, mais son histoire, quand il vous la conte: elle vous tire des larmes comme si on vous tirait des poils du cul. J’ai pas l’heure, mais on ne doit plus être loin de celle de l’apéro…non ? Où j’en étais arrêté de cette putain d’histoire que je te parlais. Moi, des bastons j’en ai connu des max, et des chaudes de chez chaudes. La mer était parfois rouge vif après quelques accrochages avec des pirates, tu vois? Non! bien sûr, t’as dû jamais foutre le pied sur une passerelle de toute ta vie…bon passons.. où j’en étais donc arrêté. À oui, Pays…le cuistot…il avait un petit penchant pour la vinasse, sur un navire, avec le roulis, cela se voit moins que sur la terre ferme. Il avait un de ses pieds marin, que même descendu à terre, il penchait toujours d’un côté. Bon, là n’est pas le problème qui nous préoccupe à cette heure. Moi, tu me diras ce que tu voudras, mais parler de vin, ça me donne soif. Bon reprenons une bonne fois pour toute et que l’on en finisse. Pays donc, avait pris l’habitude de boire un petit gorgeon de picrate de temps à autre. Il est vicieux ce cochon là. Comme les amphores se vidaient au fur et à mesure qu’il en buvait, il complétait le manque avec de l’eau de mer. Tu t’imagines…hein! Crois-tu que cela le dérangeait outre mesure de boire cette potion mouillée à l’eau salée…non! Plus le voyage durait, et plus le vin blanchissait. Je comprends mieux à présent pourquoi les barbares du nord trouvaient ces boissons du sud si particulières. Et je ne te dis pas tout Pays, comme notre lascar passait ses journées dans la cambuse, pour se soulager, il utilisait aussi les amphores, tu vois ce que je veux dire? Oui, c‘est cela même. Tu me diras, les gars du nord crachent bien dans le saladier avant de te le passer, question de tradition qu'ils disent. Moi, Pays, je respecte la boisson, pour moi c’est sacrée. Bon, mais quand on est invité, faut faire comme tout le monde, et en plus, c‘est un excellent prétexte pour provoquer une petite bagarre de fin d‘agape, histoire de digérer. Bon Pays, revenons à nos moutons. Une fois, pour économiser l’eau potable, Pays s’est servi d’eau de mer pour faire cuire les haricots. J’ai bien cru cette fois là que tout l’équipage allait y rester, t’imagines le travail. Moi, si Pays ne m’avait pas demandé d’être gentil avec lui, je crois bien que je l’aurai passé par-dessus bord….le pauvre, là, il aurait eu tout le temps de boire de l’eau salée…le fumier. Je te quitte Pays, parce que j’ai de la route à faire. J'ai rencard chez Gros pif pour du taf. Viens donc t’en jeter un ou deux derrière la glotte. Il a pas inventé l’eau tiède, ça tombe bien, car j’en bois pas, mais il sert des boissons top de chez top, et en plus, il fait du chrome. Ouaih! il marque ses ardoises sur des feuilles de chou, qu‘il donne ensuite à ses lapins. T'as rien pigé, cherche pas. Te biles pas, je t‘expliquerais plus tard, mais là, il fait soif… ah oui…Pays, c’est pour ça que t’es venu, et bien je l’ai bien connu ce minot. La première fois que je l’ai vue, il était déguisé en sauvage…ouaih! La totale. Tu parles, Pays, j’ai tout de suite vue que ça allait être quelqu’un…ouaih! Je connais bien la race humaine, c’est moi qui recrutais les membres d’équipage, je sais de quoi je parle. Je te raconte pas le bordel qu’il a foutu dans tout le pays…ouaih! Ça a fini en guerre totale…la grosse de chez grosse, la guerre de chez guerre. On a sorti les rafiots et tout le bazar. Je te quitte maintenant, si tu veux connaître la suite, tu n’as qu’à me suivre, c’est moi qui régale….
 

 

Mise à jour le Lundi, 21 Septembre 2009 15:07  

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