Monsieur Marc Lamois
Monsieur le directeur général de la chaîne hôtelière: La petite sirène du bord de mer.
Objet: Réclamation!
Monsieur le directeur, nous venons de passer une semaine de vacance dans l’un de vos établissements que nous ne sommes pas prêts d’oublier de sitôt. À vrai dire; c’était une véritable semaine de merde! Cela ne ressemblait en rien au descriptif publié dans votre catalogue, ni à nos espoirs. C’est pour cette raison que j’interviens auprès de vous, afin de bénéficier d’un dédommagement à la hauteur du préjudice subi. Je ne vous rappellerais pas vos devoirs et obligations, et tous les moyens que la loi met à la disposition des consommateurs, afin de faire respecter leurs droits. 1er: Quand nous avons atterri à l’aéroport de Pissedru, nous nous attendions à trouver une météo plus propice. Avouez que pour un pays réputé chaud, il y faisait plutôt froid, et pluvieux… Premier désagrément, nos valises ne nous avaient pas suivi jusqu’ici. Où étaient-elles passées, mystère et boule de gomme. De surcroît, personne n’était venu pour nous accueillir afin de nous transférer jusqu’à notre hôtel, et impossible non plus de trouver dans l’annuaire, le numéro de téléphone de l’hôtel. Finalement, nous avons décidé, ma femme et moi, de prendre un taxi. Cela dit, entre nous, cela nous a permis de bien visiter la ville. Le taxi ne connaissait pas votre établissement, alors nous avons fait tous les hôtels de bord de mer: en vain. Finalement, la nuit tombante, le taxi a décidé de visiter les établissements de l’intérieur des terres, et il pleuvait toujours. C’est au beau milieu de la nuit, que nous avons finalement réussi à tomber dessus, et totalement par hasard, je dois vous l‘avouer. Pas étonnant que nous ne le trouvions pas dans l’annuaire, sur le fronton de l’établissement était écrit en grosses lettres, à moitiés rongées par la rouille: Le bar des bons amis. C’est en dessous, et en beaucoup plus petit, que l’on peut voir l‘attachement de l‘établissement à la chaîne de La petite sirène. La course nous a coûté une fortune, nous n’avions pas assez de liquidité sur nous (le taxi ne prenant pas les chèques), alors, ils nous a fallu trouver un distributeur de billets en état de fonctionner, ce ne fut pas chose facile, je peux en témoigner. Je ne pourrais pas dire exactement combien le chauffeur nous a pris, j’ai dû mal à convertir, mais ma carte bancaire a rougi. 2ème: La nuit, on ne se rend pas vraiment compte, surtout sous une pluie battante. Le lendemain, il pleuvait toujours, mais à la lueur du jour, nous nous sommes aperçu que l’édifice, malheureusement, ne correspondait pas à la photographie du dépliant. Cela avait plutôt l’air d’un bar tabac, que d’une petite sirène, vous voyez ? Le réceptionniste, qui se trouvait attablé avec ses amis autours d’un apéritif, et d’un jeu de carte, a finalement, à la fin de sa partie, accepté de s’occuper de nous. Il nous a expliqué que la même photo servait pour présenter tous les autres hôtels de la chaîne. Je regrettai à cet instant, d’avoir déjà payer d’avance toute la semaine à Paris. Le réceptionniste qui faisait aussi office de gérant, nous a expliqué que pour toute réclamation, ou demande de remboursement, ou dédommagement, il fallait voir cela, là où j’avais payé mon voyage. Lui, n’avait rien à voir avec tout ça, et il n’avait aucun argent à nous rendre. Il s’en battait même les couilles (sic…). 3ème: La mer qui devait s’étaler sous nos fenêtre, se trouvait en réalité à plus de huit kilomètres, et encore, à cet endroit, il n’y avait pas de plage, mais des rochers escarpés. Une plage digne de ce nom se trouvait à vol d’oiseau à une heure trente d’ici. Le taxi de la veille est revenu prendre de nos nouvelles, quel personnage charmant. Il nous a proposé un forfait pour nous conduire toute la semaine. Finalement, sous cette pluie battante, pas question de se baigner, ni d’aller où que ce soit. En plus, comme toutes nos affaires de bain se trouvaient on ne sait où, nous avons décliné cette offre si généreuse. Le taxi est revenu nous relancer chaque jour. Il nous racontait que les temps étaient durs pour lui, et toute sa nombreuse famille. Nous lui avons finalement donné un petit quelque chose pour: qu’il nous lâche les basques! Comme il pleuvait toujours, et qu’il ne faisait pas chaud ( Nos pulls étaient restés dans nos valises, et nous n’avions sur le dos que des chemisettes et polos) nous avons passé tout notre séjour attablé à l’une des tables bancales de l’établissement, à regarder les clients jouer aux cartes ou aux dominos. 4éme: Notre chambre, avec vue sur le grand large, se trouvait en réalité donner sur une cour sordide, et de surcroît, elle se situait juste au-dessus des cuisines. Les odeurs de graillon ne ressemblent pas vraiment aux embruns iodés, même si la spécialité de la maison est le poisson grillé. 5éme: la piscine soit disant Olympique, avait dû rétrécir. Elle était de surcroît remplie d’eau saumâtre. Un dépôt de mousse verdâtre aux relents nauséeux flottait à sa surface, et titillait les muqueuses; et cette pluie glacée qui n’arrêtait pas de tomber depuis notre arrivée: charmant. 6éme: Le bar, prétendu select, était fort mal fréquenté, et je suspecte fortement que différents tarifs y soient pratiqués, selon que l’on soit touristes ou locaux. 7ème: Les nombreuses activités qui nous avaient été promises étaient relativement limitées: jeux de cartes ou de dominos( et jeux d‘argent exclusivement: il va sans dire). La télévision unique de l’établissement ne servait qu’à diffuser les courses hippiques, la radio était calée sur une station de turfiste, et le téléphone de l’établissement était en perpétuel dérangement. Avec cela, les douches étaient désespérément sèches, et de toute façon, il n’y avait pas d’eau chaude. Pour se laver, les clients disposaient d’un ballon de récupération d’eau de pluie, suspendu au beau milieu de la cour, à la vue de tous: bonjour l‘intimité. 8ème: Le soit disant restaurant gastronomique, se résumait à une pièce sombre de six mètres carrés, enclavée entre les toilettes, l’office et le placard à balais. Trois guéridons et six chaises à l’assisse défoncée formaient le mobilier. Le menu était des plus sommaires, et toujours le même: soupe d’haricots, chili con carne ou poissons grillés. Nous avons mis toute notre bonne volonté à tenter d’apprécier la cuisine locale, résultat: six jours de turista carabinée. Vous comprendrez aisément qu’après avoir étrangement égaré nos cartes de crédits, tous nos papiers d‘identité, et de plus malade et sans un sou, nous avons préféré faire appel à notre ambassade pour nous faire rapatrié au plus vite. Depuis, je suis toujours interdit bancaire, car celui qui a trouvé nos cartes de crédit, ne s’est pas gêné pour s’en servir ( une question me taraude, comment a-t-il pu dénicher nos codes confidentiels) C’est peut être quand j’ai voulu régler mes frais de bouche à l’hôtelier, que quelqu’un de la nombreuse clientèle présente à cet instant au bar, aurait pu lorgner les chiffres que je tapais sur ce foutu terminal bancaire, visé au beau milieu du comptoir. Comme le fait de nous rembourser notre séjour ne vous semble pas envisageable, je vous propose, pour solder notre différent, d’accepter de recevoir gracieusement, deux très grands amis à moi, qui rêvent de dépaysement. Depuis le temps que j’attendais de leur rendre tout le bien qu’ils pensent de moi,. N’hésitez pas, faites comme pour moi. (P.S. ils raffolent de poissons grillés et de chili con carmé bien relevé) En espérant une réponse favorable, je vous prie d’accepter monsieur, l’expression de mes sentiments dépités.
Marc Lamois
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