Lettre ouverte selon Alconick

 

Lettre ouverte selon Alconick

Je voudrais parler d’un sujet ultra brûlant.

             Les mots n’ont de sens qu’à partir du moment où ils reflètent l’expression même de la pensée de celui qui les exprime, et qu'ils sont perçus exactement comme cela.

                 Je suis né au vingtième siècle, bien après la séparation de l’église et de l’état. Je me souviens de mes premiers livres d’école, et de mon premier jour de classe. L’école nous fournissait les livres de classe, et cette année là, les livres étaient tout neufs. Ils sentaient bon le papier encré, parfumés à cette odeur de colle indicible et cependant exquise. C’était le temps des bonnes résolutions. Je m’étais promis d’être à la hauteur des aspirations que l’on attendait de moi. Le premier livre que je choisi fut celui d’histoire. Celui des mathématiques me semblait rébarbatif, j’aurais largement le temps par la suite de m’y atteler. Les livres de Français étaient de la même teneur, et demandaient à plus d’explication. Le livre de géographie était agrémenté de jolis dessins stylisés dont j’aurais, plus tard, largement le temps d’étudier. Mon choix se porta sur celui d’histoire. Je l’ouvrais avec la plus grande solennité, n’y voulant rien y perdre. La première page illumina toute mon imagination. Le titre donnait tout de suite le ton: Nos ancêtres les gaulois. En dessous de ce titre, une image d’Épinal prenait les deux tiers de la page. Quel était jolie ! On y voyait une scène de la ferme qui respirait bon la quiétude, la tranquillité, la sérénité. Chacun des acteurs de cette scène s’activait à une tache, dont il s’emblait exceller et se satisfaire avec envie et plaisir. Cette image de couleur portait tous les symboles d’une vie en collectivité idéale. Nos ancêtres les gaulois ! Ah quel beau début pour vous donner envie d’étudier. En dessous de cette image, un commentaire succinct qui me laissait sur ma fin. ‘‘Les gaulois, premier peuple de la Gaule dont on ne sait que peu de chose.’’ Je tournais la page pour en savoir plus, et je me retrouvais déjà avec les mérovingiens. Ces derniers, ainsi que leurs descendants, étaient tous des rois guerriers, qui dénotaient avec l’apparence quiétude des gaulois de la première page. Aussitôt, une amère déception se dessina sur mon visage poupon.

 

Les jeudis, j’allais au catéchisme. Parce que d’abord, j’étais catholique; et baptisé, mais surtout parce que c’était aussi le patronage. C’était bien pratique pour tous les parents qui travaillaient. Mes parents étaient catholiques mais non pratiquant, alors que mes grands-parents paternels étaient très pieux. Je passais toutes mes vacances chez eux, et tous les dimanches j’allais à la messe. J’adorais cela. D ’abord parce que ce jour là, on se mettait sur son trente et un, que ma grand-mère me donnait deux pièces à mettre dans mon petit porte monnaie, pareil que celui de mon grand-père. J’adorais tous ces rituels, j’aimais écouter des extraits des épîtres, et le sermon qui suivait. J’admirais le talent des théologiens qui savaient interpréter les choses à leur convenance. J’aimais faire la queue dans cette ultime étape, afin d’y récolter l’hostie bénite, récompense finale. J’aimais également ouvrir ma main au dessus de la corbeille de la quête, et y voir ma petite pièce tombée, et rebondir sur d’autres pièces, dans un tintement cristallin. Je me sentais dans un état d’exaltation extrême, quand, après avoir attendu mon tour, je tendais ma dernière pièce au mendiant qui se tenait à la sortie de l’église, sur le parvis. Cette bonne action me remplissait de joie pour toute la journée. Ce mendiant avait une bonne bouille très sympathique. Il était fringué avec toutes les affaires qu’on lui donnait. C’était quelque chose à voir. Entre la veste à petits carreaux bicolore beaucoup trop grande, et le pantalon écossais qui lui tombait aux mollets, découvrant des chaussettes blanches de sport. Les chaussures vernies, baillaient de lassitude. Il avait les cheveux comme gominés plaqués sur la tête, avec une raie bien nette au milieu. Quand, un été, à la sortie de la messe, je ne le retrouva plus, je demandais à ma grand-mère ce qui s’était passé. Elle me répondit que le bon dieu l’avait rappelé à ses côtés, pour le délivrer de sa situation misérable sur cette terre. J’en fus fort marri, et contrarié. Le bon dieu avait suffisamment de pauvres et de misères à régler sur cette terre avant de me piquer mon seul pauvre à moi. Qu’allais-je faire de ma petite pièce à présent, et quelle bonne action allait me remplir le cœur de joie. Deux semaines plus tard, le curé avait trouvé un mendiant de remplacement. Il avait l’air sympathique, mais sans plus. Je ne ressentais plus autant de plaisir qu’avant, quand je lui tendais ma petite pièce. Bon! À part cet épisode malheureux, j’aimais bien retourner à l’église. Peut être parce que j’aspirais fortement à fusionner à cette société qui deviendrait prochainement la mienne.

            Au catéchisme, ce qui au début m’avait plu, c’était toutes ces iconographies féeriques qui entretenaient mon imagination. Mais, sincèrement, je n’ai jamais pris tous ces récits comme la retransmission exact d’une histoire passée, ni de l‘histoire en général. Comment dire, quand j’étais petit, j’adorais le catch. Je frémissais d’effroi quand le bourreau de Béthune se retrouvait dans une fâcheuse situation sur le ring. Je savais très bien que c’était du cinéma, mais je vibrais quand même à chaque coup de manchette. Alors que je n’aimais pas la boxe, sport que je trouvais beaucoup trop violent. J’adorais également les westerns, quand les indiens tombaient de leurs chevaux en pleine course, sous les coups de winchester de John Wayne. Je savais très bien que ce n’était que du cinéma, et que les indiens se relèveraient aussitôt après et remonteraient sur leur monture. Quand je jouais aux cow-boys et aux indiens avec mes copains, cela ne nous dérangeait pas que les morts se relèvent aussitôt après avoir été tués. C’était le jeu. La bible, tel que ma grand-mère me l’avait racontée, je l’avais aimé, comme les contes de Grimm et autres histoires merveilleuses. Je rappelle que je suis né au vingtième siècle, en occident, et pas au pays des mille et une nuits. Depuis que l’on m’avait avoué que le père Noël n’existait pas, mon sens critique s’était accru.

La Bible:

         Dieu avait crée l’univers en sept jours, alors qu’il aurait eu toute l’éternité pour peaufiner son travail. Déjà cela m’interpellait. Il avait crée l’Univers en sept jours, avant même d’avoir crée le jour et la nuit, étrange. Une question me venait aussitôt à l’esprit; mais d’où venait dieu, qui l’avait crée, d’où lui venait tous ses pouvoirs, avait-il une apparence humaine. En fait, c’était un flot de questions sans réponse qui se déversait sur moi. Dieu avait fait l’homme à son image, le dernier jour. Il l’avait fait avec de la boue! Matière fétide, de la fange, résultat de la décomposition organique. Cela m’écoeurait. Pourquoi ne pas avoir fait l’homme avec de la matière noble, tel de l’ivoire, de l’or, du platine, du bois précieux. Non! De la simple boue, même pas avec de la matière avec laquelle on façonne des vases et des céramiques. Je trouvais que dieu, qui avait eu tellement d’imagination auparavant, avait été assez chiche avec sa plus belle création. Ensuite, dieu s’irrita du fait que l’homme se plaignait de sa solitude. Tu parles! Moi j’étais déjà fils unique, et tu ne peux pas t’imaginer comme parfois on peut se faire chier. Alors dieu consent à ce que l’homme se fasse une compagne. Il lui dit; « Tu veux une partenaire? Alors fait là, débrouilles toi. » C’est en résumé ce qu’il lui a répondu. L’homme tire une côte de sa cuisse et crée sa compagne: Ève. Là aussi, je trouve étrange qu’il puisse sortir une côte de sa cuisse, et qu’il en ait pu en faire une femme finie. Je me demande qu’elle inspiration à poussé l’homme à faire une compagne avec des seins, parfois trop gros, tombants, granuleux, ou alors trop petits, inexistants, et parfois comme atteints de strabisme. Un large bassin, un derrière proéminent, des membres fluets, des cuisses rebondis recouvert de cellulite. Une partenaire possédant un caractère lunatique et autoritaire. Pure hasard ? Accident ? Inexpérience? Mauvais goût ou propension pour la difficulté et la complication. Autre réflexion qui m’était venue, dieu ne devait certainement pas aimer les femmes. Le curé continue son histoire. À présent, on découvre le paradis terrestre: l’Eden. Une impression qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est que ce paradis n’a pas du tout l’air d’un endroit heureux, il y a des plantes partout. De plus, Adam et Ève sont nus. Dieu a crée l’univers, les étoiles, le soleil, la terre, le jour et la nuit, l’océan, la flore et la faune, le vent et la pluie, et il n’a même pas un habit décent à proposer à ses enfants chéris. Il les laisse nus, été comme hiver. Si! Ils avaient juste une petite feuille de vigne pour leur cacher le sexe. Je trouvais cela singulier, ils n’étaient que deux, la nudité devait moins les déranger que le froid et la piqûre des insectes. J’avais déjà vu des peuples premiers, qui étaient habillés de palmes ou de fourrures selon le climat, mais jamais uniquement vêtus de feuilles de vigne riquiqui. Ensuite, une autre idée m’était venu, comme mes grands-parents étaient bourguignons, je me suis dit que si Adam et Ève portaient des feuilles de vigne, c’était parce qu’ils connaissaient la vigne et le vin. Dieu laissait ses créations errer nus dans la nature, mais il leur avait donné le savoir de la treille. Les premiers humains étaient nus, ils ne chassaient pas non plus dans le paradis, interdit! Mais ils avaient le droit de se beurrer la cantine. Vous me direz que cela réchauffe. Je trouvais cela singulier. Ce qui m’avait étonné également, c’était la tignasse d’Ève. Elle était impressionnante, un véritable attrape insectes et parasites de tous genres dans ce jardin dense et touffu. Ma mère me disait qu’il fallait étudier à l’école, si l’on ne voulait pas devenir balayeur des rues. C’est-ce que l’on nous disait à l’époque, comme aussi, qu’il n’y a pas de sot métier, antagonisme, non! Au catéchisme, en revanche, on nous enseignait qu’Adam et Ève avaient été virés du paradis, parce qu’Ève avait croqué la pomme de l’arbre de la connaissance. Dieu, apparemment, n’était pas comme ma mère, il ne voulait pas que ses enfants s’instruisent. Là encore, dieu ne fait pas preuve d’un amour excessif pour sa progéniture. Non seulement il a planté un arbre interdit au beau milieu de son jardin, mais il devait savoir, en tant que dieu, que cela susciterait la curiosité des hommes. De plus, dieu ayant tout crée, il a également crée le serpent qui va influencer la pauvre Ève. Cette histoire ne m’inspire décidément pas. Pour une simple pomme, dieu chasse le seul couple d’humains de son paradis. Là aussi, le sentiment que je perçois, c’est que dieu avait prévu un endroit pour y envoyer en pénitence son œuvre. Comme quoi, de là à imaginer que dieu avait tout manigancé, il n’y a pas un grand chemin à faire. Ce qui me dérange aussi, c’est que l’on parle d’un dieu d’amour et de justice. Pour un simple vol de pomme, dieu maudit la femme, et la condamne à enfanter dans la souffrance, elle, et toute sa descendance. Il est assez rancunier dans le fond, d’autant plus qu’il ne montre pas un très grand amour pour la femme, la compagne de sa création. Jusque là, la bible telle que l’on me l’a enseignée n’est pas quelque chose de gaie! Gaie ! Gaie! Non ? Ensuite, comme cela ne suffisait pas, quelque temps après, Caen, fils des premiers humains, tue son frère Abel. La série continue, et tout cela parce que Caen est jaloux de l’amour que porte dieu à son frère. Là aussi, je trouve cela assez particulier. Les premiers hommes ne sont pas rancuniers, cela s’explique peut être par le fait que depuis qu’ils sont sortis du paradis, ils peuvent enfin s’habiller comme ils le souhaitent, et manger de la viande, et toutes les pommes de la terre. Je me suis dis que dieu permettait aux hommes de boire du vin, mais il leur interdisait de boire du cidre, non! Absurde. Dieu non plus n’a pas un comportement logique. Il chasse le premier couple de son paradis, mais se complait de recevoir leurs offrandes. Mieux, il les surveille, les épie, les poursuis. Cette histoire, je ne sais pas qui l’a écrite, mais cela ressemble aux misérables ou à sans famille, des romans d’une tristesse lancinante. Après l’épisode de Caen et Abel, où l’un est mort, et l’autre banni aux confins de la terre, on retrouve l’histoire de l’humanité en pleine démographie exponentielle. Je me suis toujours demandé comment une telle humanité avait pu se crée avec si peu d’ancêtres, et rien que des garçons. Bon! Admettons. Je ne parle pas de Seth, le troisième fils d‘Adam et Ève, parce qu’au catéchisme, on ne m’en avait point parlé. Là encore, quelque chose me chiffonne. Dieu a viré les humains de son paradis. Mais cela ne lui suffit pas. Il faut qu’il aille les chercher là où ils sont. Il les a virés comme des malpropres, et il ne comprend pas que ceux-ci ne lui témoignent pas plus de ferveur que cela. Là encore, le catéchisme nous enseigne qu’à cette époque, les hommes vivaient des milliers d’années. Mathusalem par exemple avait plus de mille ans. Bon! Pourquoi pas, je ne le crois pas, mais ce n’est pas grave. Dieu, là encore, comme il ne peut plus les virer, il décide de les noyer. Dieu amour? Il ne le montre pas vraiment. Là, intervient Noé et son arche. Quand le curé nous a dis que Noé avait réunis dans son bateau un couple de chaque espèce animal vivant sur terre, cela m’a paru un peu gros. J’étais passionné par la faune et la flore, et j’avais du mal à m’imaginer toute cette ménagerie embarquée sur un navire, aussi gros soit-il. Les rapports dieu hommes sont ambigus et souvent violents. Noé et sa famille s’échouent en haut d’une haute montagne. Ce sont les seuls survivants. Noé aime le vin, ça on le savait déjà. Ensuite, les descendants de Noé se multiplient jusqu‘à former tout un peuple. Là aussi, quelque chose me déplait. Si Noé et les siens sont les seuls survivants du déluge, alors pourquoi y aurait-il d’autres peuples sur terre. Il y a les sémites, descendants de Sem lui-même descendant de Noé. Et tous les autres alors, d’où viennent-ils? Bon, le déluge à recouvert la terre, mais pas partout. Les chinois par exemple, je ne crois pas qu’ils se prétendent descendre de Noé. Je dis cela, parce que, qu’en je consulte des livres d’histoires, par exemple, on me parle de peuple sémites et d’autres peuples. Principalement quand on parle de la Mésopotamie. Quand j’étais plus jeune, et que je lisais l’histoire de la Mésopotamie, on me parlait du peuple sumérien, d’origine asiatique. Je me les imaginais comme des chinois aux yeux plissés, avant que je ne réalise que la Mésopotamie était en Asie mineur, donc il était normal d‘y trouver des asiatiques. Les turcs sont en Asie mineur et ils ressemblent aux européens. Là aussi, quelque chose me dérangeait. Aujourd’hui, on parle des arabes et des juifs ? Cela aussi m’interpelle. Un arabe ? Parle t-on de l’habitant de l’Arabie Saoudite, ou bien de celui qui parle arabe. Un nord africain, ou, et je préfère, un magrébin, celui du pays du soleil couchant, parle un arabe mais n’est pas arabe. Il parle un arabe qui descend de l’arabe littéraire de l’Arabie Saoudite. Comme en Irak, en Iran, ils parlent une langue issue de l’arabe avec quelques différences. Un juif, c’est quelqu’un qui est de confession juive. Pourquoi comparer quelqu’un parlant une langue, avec un autre pour sa religion. Un français, c’est quelqu’un qui a la nationalité française, ou c’est quelqu’un qui parle le français. On peut être européen et français, français et juif, français et parler l’arabe, arabe et être juif. Français et musulman sans parler arabe. Être français, avoir une mère arabe de confession juive, et un père africain de confession musulman, et des oncles protestants et orthodoxes et pourquoi pas bouddhistes et animismes. Je n’ai jamais compris pourquoi on opposait une religion à un langage. Bon! Tout cela est compliqué, et ce n’est pas le sujet de cette lettre.

               Revenons à la Bible. Après Noé, Sem, on découvre Abraham à Ur. Il a une vision. Dieu lui parle. Il lui dit qu’il lui offre une terre promise, là bas, au loin, pour lui et tous son peuple. Déjà là, quelques questions me taraudent. Premièrement, que sont devenus les descendants de Sem? Ils devraient louer la grandeur de dieu aux quatre coins de la terre. Non! Ils érigent des temples et des ziggourats en l’honneur de dieux païens. Curieux ! Non ? Bon, passons. Là aussi, si j’ai bien tout compris, apparemment, il n’y a qu’Abraham qui est atteint de cette ferveur religieuse à cet instant. Son peuple voue toujours à d’autres divinités. Abraham est le boss, son peuple le suit là bas en pays de Canaan. Ce qui me dérange encore, c’est l’impression que j’ai qu’on a essayé de virer Abraham de son territoire pour l’envoyer là bas, à l’aventure. À cette époque, Abraham et son peuple étaient des gens du voyage. J’ai l’impression que dieu parle à travers la bouche des autorités locales qui lui font savoir que sa présence n’est plus souhaitée. Un peu comme en France aujourd’hui avec les gens du voyage et les roms. Abraham qui à cent ans, ainsi que sa femme Sarah n’ont toujours pas d’enfant. À mon avis, pour eux, c’est râpé. Non! Abraham, un jour est atteint du démon de midi, et il folâtre avec sa servante dans les fourrés. Résultat! Neuf mois après, il a son premier fils! Alléluia ! La postérité est assurée. Non, cela déplais à dieu, et il se manifeste encore. Il accorde à Sarah le droit d’enfanter. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, me direz-vous. Une femme de cent ans qui enfante, on voit cela tous les jours. Je voyais bien là l’intrigue qui se tramait. Deux frères, deux mères, deux destins qui se séparent à angle droit. Dieu, là encore, me surprend. Il offre une terre promise à son peuple, mais cela est loin d’être un havre de paix. Déjà, la terre est ingrate et les famines se répètent. Abraham est près à sacrifier l’un de ses fils pour obtenir l’aide de dieu. Ceci est un raccourci de ce que l’on nous apprenait au catéchisme, mais cela reflète bien l‘ensemble. Pour les juifs, c’est Isaac, fils de Sarah qu’Abraham va sacrifier, pour les musulmans, c’est Ismaël, fils de la servante. Dieu, pour une fois, fait preuve de clémence. Il retient le bras d’Abraham, et ne demande plus que le sacrifice d’un agneau. Là encore, quelque chose me taraude. Dans le paradis terrestre, dieu avait interdit que l’on tue des animaux. Ici-bas, cela ne le dérangeait plus. Évidemment, il n’était pas chez lui. Ensuite, l’un des fils ou petits fils d’Abraham est vendu par ses frères comme esclave: jolie mentalité de cette famille choisie par dieu. Ensuite, on retrouve les hébreux esclaves en Égypte. Décidément, cette histoire ressemble aux misérables, qu‘est-ce qu‘on rigole. Un enfant des hébreux est abandonné par sa mère, et se retrouve par le plus grand des hasards à la cour du roi d’Égypte. Quelques temps plus tard, il en devient même le conseiller particulier du souverain. Bon, joli parcours, bonne réussite sociale. Il n’était pas le seul dans ce cas, avant lui, joseph vendu comme esclave aux égyptiens devient lui aussi conseiller du roi. Bon revenons à cet orphelin hébreu devenu conseiller royal, Moïse, car tel est son nom, décide de délivrer son peuple du joug égyptien. Il les conduit hors d’Égypte, pourchasser par les soldats égyptiens qui, apparemment, ne veulent plus les voir partir. Alors que, paradoxalement, quelques pages auparavant, on nous expliquait que les égyptiens ne pouvaient plus voir les hébreux, au point de tuer tous leurs nouveaux nés. Bon! C’est compliqué à suivre. Moïse, qui a plus d’un tour dans son sac, écarte les eaux de la mer rouge pour faire traverser son peuple d’une rive à l’autre. Moi, j’aime bien cette histoire fantastique, mais il ne faut pas exagérer en pensant me la faire avaler. Le curé, est tout de suite redescendu dans mon estime. Croyait-il vraiment tous ce qu’il nous disait? Si c’est oui, c’est grave. Moïse et son peuple se retrouve en Sinaï, en bas du pays de Canaan. Là, Moïse monte sur une montagne demander à dieu la suite du programme. Pendant ce temps là, que fait son peuple, il l’attend en priant ? Non, ils font la fête et louent et vénèrent d’autres divinités. Là encore, quelque chose n’est pas clair. Moïse fuit l’Égypte avec les siens parce qu’ils sont persécutés pour leur foi, et maintenant libérés, et à l’abri du danger, ils se mettent à prier d’autres dieux païens: incompréhensible! Non ? Quand Moïse redescend du mont Sinaï, avec les tables de la loi donnée des mains même de dieu, il trouve son peuple en train de prier d’autres dieux. Ce qui me surprend, c’est que, bon, admettons qu’en haut du mont Sinaï, Moïse ne se soit aperçu de rien de ce qui ce passait en dessous, mais dieu, quand même! Il écoute Moïse, et il ne se rend pas compte de ce qui se passe en bas. Lui qui est réputé pour son omniprésence et son don d‘ubiquité, je trouve cela bizarre. Ensuite, Moïse et les siens errent pendant quarante ans dans le désert. Là encore, je trouve cela curieux. Il traverse l’Égypte en quelques jours, traverse dans la foulée la mer rouge, et se perd dans un désert aussi grand qu’un mouchoir de poche, enfin je crois. J’ai fait le voyage en bus, d’Israël jusqu’au mont Sinaï, cela ne m’a guère pris plus d’une heure ou deux, si je me souviens bien, il n‘y a que 170 km. Bon, Moïse et les siens ont mis quarante ans, et là, une fois arrivé aux portes du pays de Canaan, Moïse meurt. C’est ballot. Notez qu’il avait quand même cent vingt ans. Comme quoi, les voyages forment la jeunesse. Là encore, c’est une nouvelle histoire qui commence, guerrière et pas très morale. Premièrement, ce qui m’étonne, c’est qu’au pays de Canaan, pays offert par dieu à son peuple, on ne retrouve aucun descendant d’Abraham. Celui-ci avait eu Isaac, qui avait eu douze fils, cela commençait sur les chapeaux de roue, et puis après plus rien ? Plus personne pour perpétrer la loi d'Abraham. Et Ismaël alors, lui non plus n’avait pas transmis à sa descendance la loi d'Abraham? En tous les cas, quand le successeur de Moïse, Josué, arrive en terre de Canaan, personne n’est là pour l’accueillir. Pire, Josué et son armée doivent prendre toutes les villes cananéenne par la force ou au sons des trompettes. Cette histoire est très guerrière somme toute. Le pire, c’est qu’on la raconte à un tout jeune public. Moi, je le rappelle, je n’ai jamais cru tous ces récits tels quels. Ce qui m’ennuyais, c’est qu’à l’école laïc on nous enseignait notre histoire de France, qui, elle n’ont plus, n’était pas des plus joyeuses, et qu’au catéchisme, louant le culte chrétien, on nous parlait d’une histoire qui se déroulait à l’autre bout du monde. Je pensais, puisque cette histoire était sensée être la mienne, que je devais descendre de Caïn, car, après avoir tué son frère, il était partit de l‘autre côté de la terre, un peu vers chez moi. De surcroît, je ne me souvenais pas d‘avoir eu, dans mon arbre généalogique, un ancêtre ayant vécu là-bas. Après Josué, je me souviens de cette image d’Épinal ou l’on voyait un méchant envahisseur, suspendu dans un arbre, par sa tignasse invraisemblable. Je ne sais plus s’il s’agissait de Nabuchodonosor ou d’un autre nom de bouteille de champagne. Ce doit être encore une autre histoire. Je ne sais plus si cela était le fait de mon jeune âge, mais à partir d’un certain point, j’ai décroché. Après la déportation des hébreux à Babylone, je crois.

        Jésus Christ, enfin! On nous parlait de Jésus Christ, le symbole de notre foi. Là encore, l’histoire, si on l’a développe, on s’y perd. Moi, ce qui me plaisait le mieux, ce fut sa naissance. Pour une fois que dans cette longue saga, on ne s’entretuait pas, on ne se trahissait pas, cela devenait plaisant. En plus, la naissance du Christ coïncidait avec Noël, la fête des enfants et des cadeaux. Bon, les cadeaux, je n’en ai pas eu beaucoup, mais certainement plus que la majorité des enfants du monde. Ce qui me plaisait dans la nativité, c’est, il n’était même pas encore né, des rois mages parcouraient le monde pour venir assister à sa naissance. Il était célèbre avant même d’être né. Moi, cela m’aurait plu que l’on vienne sur mon berceau me souhaiter tous les bonheurs du monde, un peu comme les bonnes fées dans les contes. Remarquez, que cela ne lui a pas empêché de finir sur une croix. Non! Noël, j’aimais beaucoup. Bien sûr, cette histoire devait rapidement retrouvée sa trame dramatique. Les parents de Jésus devaient fuir le méchant Hérode, qui craignait que ce nouveau né lui pique sa place de roi. Tu parles ! La famille de Jésus part en Égypte. Ce pays n’est pas un hôtel, on y rentre, on y sort, faut savoir ce que l’on veut. On retrouve Jésus, à Jérusalem, à douze ans. Il est déjà très érudit. Puis, on le retrouve à trente ans, en train de se faire baptiser par son cousin Baptiste. Celui-là aussi aura une triste fin, décapité par jalousie d‘une reine. Les auteurs de cette histoire ne sont décidemment pas des gais lurons. Jésus, pendant sa courte vie public, fera quelques miracles. Cela n’aura cependant aucune commune mesure avec ses prédécesseurs, qui pour certains arrêtaient le soleil dans le ciel, faisaient tomber des remparts de citadelles avec de simples trompettes, ou écartaient les eaux d’un fleuve à la force de l’esprit. Là encore, quelque chose me dérangeait. Jésus se retrouvait en Galilée pendant l’occupation romaine. Un peu comme en France, en quarante, avec les allemands. La population devait probablement souffrir du rationnement ou de pénurie de tous genres. L’un des premiers miracles de Jésus, est de transformer de l’eau en vin pour une noce de mariage. Déjà, Jésus et sa mère ne sont qu’invité, selon les textes. On ne sait pas qui se marie, mais on demande à Jésus de palier au manque des organisateurs du mariage. Plusieurs points: déjà, à cette époque, le vin était très épais, et on devait, pour le boire, rajouter de l’eau. Plus on rajoute de l’eau, plus il y a de vin moins épais. Jusque là, aucun miracle. De plus, comme le pays était sous occupation romaine, le vin devait être taxé plus fortement. Faire circuler des amphores de vin pure, puis, une fois à destination, le couper avec de l’eau, devait être financièrement très intéressant. Cette histoire me fait penser à une sombre histoire de marché noir. Je pense qu’il y avait d’autres priorités que de couper du vin. De plus, je ne vois pas où est le miracle là dedans. Un mariage d’inconnus où le Christ sert de sommelier, bon, il y a mieux. Un autre de ses miracles est la multiplication des pains et des poissons. Là aussi, cela tourne autour de la table. Il y avait, selon la Bible, des milliers de participants. J’aurais bien voulu les entendre à Jérusalem, lors du procès du Christ. Moi, j’ai travaillé comme crêpier, et je sais combien on peut faire de crêpes avec un Kilo de farine. C’est une question de tour de bras. Bon, là n’est pas le problème. Il marche une fois sur l’eau, ressuscite quelques morts. Bon ! Pourquoi pas; mais ce ne sont que quelques anecdotes dans un récit assez plat. Josué avait reconquis le pays offert par dieu aux siens, Jésus, quand à lui, n’avait pas l’air trop dérangé de l’occupation des romains. Il pouvait faire des miracles, mais en aucun cas, il ne s’est soucié des envahisseurs. Vous me direz, qu’avant les romains, c’étaient les grecs, qui avaient succédé aux babyloniens, aux mésopotamiens, aux hittites, aux phéniciens, aux égyptiens. Les juifs devaient avoir l’habitude d’être occupés. Jésus, malgré tous ses miracles, ne remporte pas beaucoup de reconnaissances des galiléens. Enfin, pas plus qu’une starlette d’aujourd’hui. Imaginez que cela ce passe de nos jours, avec tous les médias, demain, Jésus est roi du monde.

         C’est la fin de l’histoire de jésus qui est la plus connue et la plus relatée. On a l’impression que cela se déroule sur une longue période, alors que tout cela se déroule en très peu de temps, quelques jours seulement. Il entre à Jérusalem, acclamé comme un véritable roi. Il est assis sur un âne, cette précision est importante. C’est comme cela, que selon la tradition ou les prédictions, que le messie ou le libérateur ou le sauveur entre à Jérusalem. La population de Jérusalem l’acclame, agite des palmes et en dépose sous les sabots de l’âne formant un interminable tapis. C’était là le signe que la population l’avait reconnu. L’histoire commençait bien. On parle d’un temps où ni la radio, ni la télévision n’existaient. Jésus a passé sa jeunesse en Égypte, et tout le reste de sa vie en Galilée. Ce pays se trouvait à la hauteur du Liban actuel. Entre, il y avait Israël, le pays des combattants El ou Élohim, ou Éolïm, dieux au pluriel. Ce pays qui avait pour capitale Samarie, n’était pas très bien vu des judéens, pays du sud, dont la capitale était Jérusalem. Cela était dû car les samaritains reconnaissaient plusieurs divinités, comme Baal, Ishtar, etc. Je me demande comment Jésus était devenu célèbre, dans un pays où il n’était venu que pour les fêtes religieuses. À des périodes où la ville devait recevoir des milliers de pèlerins, et donc, ou s‘y faire remarquer y était plus difficile. Enfin, bon, passons. Jésus arrive à Jérusalem pour les fêtes, il était accompagné de ses douze apôtres, et probablement de leurs femmes et des enfants. Je n’y étais pas, donc je ne saurais pas le certifier. Il se rend au temple. Là, tout est normal. Mais cela va changer. Il te fout un bordel pas possible, il met à terre les étales des vendeurs, il invective les commerçants, piétine tous ce qui passe sous ses pieds. Là, s’il voulait se faire remarquer, c’était gagné. Malgré ses actes irrespectueux pour la tradition et les croyances locales, on le laisse partir. Il a l’air heureux de lui, car il retrouve ses compagnons au cénacle pour y dîner. La scène a été largement décrite. Le soir, il est trahi par l’un des siens, arrêté, et jugé dans la foulée, et crucifié. Ce qui m’étonne, c’est que quelques jours auparavant, il était acclamé, et quelques jours après, alors que l’on demande avis à la population sur son sort, on lui préfère un brigand nommée Barrabas. Si Jésus avait eu l’intention de se suicider, il n’aurait pas fait autrement. On dit que Jésus connaissait très bien la loi rabbinique, et la respectait. Je trouve son comportement antinomique. Imaginez un musulman en pèlerinage à la Mecque faire le dixième de ce qu’a fait Jésus au temple de Jérusalem. Il serait immédiatement lynché. De même, un chrétien au Vatican pour la fête de pâque.

       Chose que je remarque, c’est que sans la crucifixion, le judaïsme aurait probablement disparu, comme est méconnu aujourd’hui la religion des samaritains. De même, sans l’hégémonie du christianisme sur tout le pourtour nord de la méditerrané, l’islam n’aurait peut être jamais vue le jour. Avant l’islam, il y avait une religion qui se reportait aussi aux plus vieux livres du monde. Elle descendait des traditions mésopotamiennes et égyptiennes.

         Je ne sais pas si Jésus a une seule fois imaginé qu’il deviendrait un guide pour une très grande partie de l’humanité. Le christianisme a engendré plus de trois mille religions différentes.

        Moi, quand j’étais petit, je pensais que le christianisme et le catholicisme c’était pareil. Et bien non! C’est différent. De même, je croyais que dieu était catholique, et bien non! De même, ni Adam ni Ève ne l’était d’avantage, ni toute sa descendance, de Noé à Sem, d’Abraham à Moïse, de Josué à Jésus. Jésus n’était pas catholique, ni même chrétien. De même, si pour autant tous ces personnages aient véritablement existé, aucun d’entre eux n’étaient ni juif ni musulman. Un judaïsme archaïque est apparu à la chute de Babylone, vers six cent avant notre ère mêlant des traditions mésopotamiennes et égyptiennes avec un nouveau courant perse, et la religion de Zoroastre. Avec la chute de Babylone, le nouveau roi en place permis à une population déplacée de retourner sur la terre de leurs ancêtres. Certains s’installèrent en Syrie, d’autres au Liban, d’autres en Galilée, en Israël, et enfin les derniers revinrent en Judée. Toutes ces religions avaient le même fondement. En Judée, pendant plusieurs siècles, une religion s’écrivit et se réécrivit. Parfois, la société était plus ouverte et acceptait d’autres divinités dans le temple. Vers cent avant notre ère, la religion se durcie et n’accepta plus qu’un dieu dont on n’avait pas le droit de dire le nom. C’était un acronyme qui pourrait dire: que je soi celui que je serais. En Israël, on appelait dieu: Élohim (dieu au pluriel) au nord, en Galilée, on suivait la loi de Moïse mais qui se rapportait plus aux traditions et religions mésopotamiennes dont celles de Sargon, roi d’Akkad, qui a eu la même destiné. Le catholicisme s’est construit à partir de l’empereur Constantin vers trois cent de notre ère jusqu’au quinzième siècle. Des tas de courants sont intervenus, se basant sur des textes bibliques écrites vers cent de notre ère ou postérieur et bien souvent apocryphes. L’orthodoxie est aussi ancienne que le christianisme. Plus tard viendra le protestantisme. Pas moins de trois mille églises vont naître du christianisme. De même, l’islam originel va engendrer plusieurs courants. L’islam est apparu au septième siècle pour contrer le christianisme d’état et commercial qui couvrait toute la méditerrané.

           Je me disperse un peu, je sais. En tout les cas, mes ancêtres les gaulois n’étaient pas chrétien, ça, c’est une certitude.

        On prétend qu’après l’ère du christianisme, et du poisson, viendra celle du verseau. Moi, je n’aime pas toutes ces ères, et toutes ces histoires.

                                          Enfin ! Ce n’était qu’une lettre ouverte dans une bouteille jetée à la mer

                                                                         Alconick le korrigan

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