Persée et les mythes Irlandais

L’histoire commence, pour les écrivains, avec l’invention de l’écriture. Comme si, tout ce qui était écrit, faisait preuve de loi. Malheureusement, ce n’est pas totalement exact. Tout d’abord, pour que le verbe soit échangé, il doit avant tout être partagé. Il ne sert à rien d’apprendre des milliers de mots, si ceux -ci ne sont pas perçus comme l’interprétation exact de votre pensée. Se faire comprendre n’est pas aussi simple que cela. Il suffit simplement, parfois, d’une bonne complicité pour échanger quelques idées. À contrario, qui n’a jamais assisté à une réunion de syndic d‘immeuble, où tout le monde parle, et où personne ne se comprend. Pourtant, ils aspirent tous à la même chose. La controverse doit être le propre de l’homme.

Parfois, cela arrange certains membres de corporations mystiques ou scientifiques qui voudraient impressionner les profanes. Quand votre médecin vous prescrit un médicament au nom alambiqué, cela a le don de vous rassurer, non ?

Dernièrement, l’histoire, a souvent, sinon toujours été écrite par les vainqueurs. Malheur aux vaincus.

Avant l’écriture, le savoir, l’histoire se transmettaient oralement. Là aussi, il était rare, que des peuples se remémorent victorieusement des pans peu glorieux de leur histoire. D’autre part, avec la migration permanente des peuples, l’histoire voyageait également, et de génération en génération, évoluait au même rythme que leurs cultures et progrès technologiques. Un exemple qui me vient à l’esprit, on peut admirer des tableaux ou des vitraux du moyen âge qui nous relatent la vie du christ. Ces peintures nous décrivent un Jésus et son entourage habillés à la mode du moyen âge (anachronisme). De même, quand on nous décrit la scène du vase de Soisson, ceci n’est que pure fiction.

Enfin, malgré la mutation et l’évolution du récit (C’est comme ce jeu, passe à ton voisin, ou chacun des joueurs doit répéter une phrase, auquel à chaque fois, il rajoute un mot nouveau. Au bout de peu de temps, l’histoire n’a plus aucun rapport avec l’histoire du début. Les joueurs oublient certains mots et les remplacent par d’autres qui, à la finale, donne à l’histoire quelque chose d’incompréhensible.)

Avec l’histoire de l’humanité, c’est un peu pareil. Parce que la langue est vivante et évolue sans cesse, si le conteur n’a pas correctement compris le sens de son histoire, il peut, par maladresse, ou par idéologie, extrapoler, certains sens de mots par d’autres.

Au début, l’humanité ne comprenait que quelques millions d’êtres. Ils échangeaient entre eux assez facilement, car la terre n’est pas aussi grande que cela. Ils partageaient quelques divinités, car on n’est jamais assez bien protégé, et adoptaient leurs mythes et histoires. Quand on étudie les mythes grecs, mésopotamiens, africains, gaulois, celtes, moyen orientaux, on remarque d’énormes similarités. Aucun doute, ce sont les mêmes histoires qui ont évolués avec le temps en d‘autres histoires.

Ici, je voudrais souligner quelques histoires et mythes irlandais et démontrer leurs ressemblances avec des mythes grecs. De part son insularité, l’Irlande à longtemps conserver son histoire pure. Elle n’a subit que l’influence du christianisme et de l’interprétation qu’en ont fait les écrivains qui était essentiellement des missionnaires religieux.

 

La Gorgone

(Source WikipédiA)

 

Mythe

Homère ne parle que d'une Gorgone : dans l’Odyssée (XI, 633), la Gorgone (Gorgố) est un monstre des Enfers. Selon Hésiode (Théogonie, v. 274), il s'agissait des trois filles des divinités marines Phorcys et Céto : Sthéno (Σθεννω / Sthennô, « la puissante »), Euryale (Εὐρυάλη / Euryálê, « grand domaine ») et la plus célèbre, Méduse, qui était mortelle, contrairement à ses deux sœurs qui ne connaissaient ni la mort ni la vieillesse. Hygin donne une filiation différente : Gorgone serait issue du Géant Typhon et d'Échidna, puis engendra Méduse et ses sœurs. Leur demeure se trouvait de l'autre côté de l'océan occidental, au mont Hélicon et selon d'autres versions, en Libye. Plus tard, Euripide ne mentionna qu'une Gorgone, un monstre conçu par Gaïa (La Terre) pour aider ses fils les Géants dans leur bataille contre les dieux, et qui fut tué par Athéna. Gorgone est l'une des trois sœurs qui a gagné la guerre contre les cyclopes.

On les représentait comme des jeunes femmes, souvent avec des ailes et de grandes dents, leur chevelure était constituée de serpents. Selon Ovide (les Métamorphoses), seule Méduse possédait de tels cheveux. Poséidon, attiré par la couleur dorée des cheveux de cette Gorgone, s'était uni à elle dans le temple d'Athéna et cette dernière lui donna cette apparence en guise de châtiment. Les Gorgones avaient parfois des ailes d'or, des serres de cuivre et des défenses de sangliers. Eschyle écrit qu'elles n'avaient qu'un seul œil et une seule dent à elles trois, comme leurs sœurs Grées. Leur regard figeait ceux qui voyaient leurs visages tellement elles étaient laides.

Persée, armé d'un bouclier, dont l'intérieur servait de miroir pour éviter d'être pétrifié par le regard du monstre, et d'une épée offerte par Hermès, put trancher la tête de Méduse. Du sang qui jaillit de son cou émergèrent Chrysaor et Pégase, tous deux conçus par Poséidon. Persée offrit la tête de Gorgone, le Gorgonéion (Γοργόνειον / Gorgóneion) à Athéna (Bibliothèque, II, 4, 2-3). Elle en orna son bouclier, l'égide, qui conserva ce redoutable pouvoir.

Selon certaines versions du mythe, du sang pris sur le côté droit d'une Gorgone pouvait ramener un mort à la vie, tandis que celui pris sur son côté gauche devenait un poison fatal et instantané. On dit aussi qu'Héraclès reçut d'Athéna une boucle des cheveux de Méduse (qui possédait les mêmes vertus que sa tête) et la donna à Stéropé, la fille de Céphée, pour protéger la ville de Tégée contre les attaques.

Le Gorgonéion

La représentation de la tête de Méduse (sculptée ou gravée dans la pierre, ou encore dessinée, souvent avec des serpents émergeant du crâne et avec la langue tirée entre les crocs) fut souvent placée sur les portes, les murailles, les pièces de monnaie, les boucliers, les armures et les pierres tombales pour éloigner la malchance et les mauvais esprits ou terrifier les ennemis. ( Cette représentation me fait penser à la Gwrac’h, déesse mère, et représentée sur une pierre tombale à Locmariaquer. Cette sculpture aurait quelques millénaires. En la regardant, elle peut faire penser à une gorgone tirant la langue ou à un hydre.) Par cette coutume, le Gorgonéion rappelle les visages souvent grotesques apparaissant sur les boucliers des soldats chinois et utilisés aussi généralement comme protection contre le mauvais œil.

La Ghrac'h: déesse mère Armoricaine au musée de Carnacv

Les Grées

 

Dans la mythologie grecque, les Grées (en grec ancien Γραῖαι / Graĩai, « Vieilles femmes ») sont trois sœurs, Dino, Ényo et Pemphrédo, filles aînées de Phorcys et de Céto. Elles sont aussi appelées Graies ou Sœurs Grises.

Leur nom leur fut donné car elles étaient nées déjà ridées et avec des cheveux blancs. Elles n'avaient en outre qu'une dent et un œil pour elles trois, qu'elles se partageaient à tour de rôle : tandis que l'une veillait et pouvait se restaurer, les deux autres dormaient. Elles vivaient dans une grotte située très loin vers le couchant, dans un endroit où il faisait presque toujours nuit.

Elles n'apparaissent que dans une seule légende, celle de Persée : le héros cherchait à connaître la résidence de leurs sœurs les Gorgones et elles refusaient de répondre. Il leur déroba alors leur œil et ne leur rendit que lorsqu'elles lui eurent répondu . Selon d'autres versions, il aurait jeté l'œil dans le lac Triton

Relations avec un récit de la mythologie irlandaise

La Légende de Cûchulainn

Cûchulainn naît sous le nom de Setanta, et est alors connu en tant que le fils du roi Connor, et de la reine Dechtire. La légende raconte, que Dechtire aurait enfanté Setanta après avoir bu quelques gorgées dans une coupe de bronze. De celle-ci jaillit un être qui s'introduisit dans son corps en passant par sa bouche. La nuit tombée, Lug au long bras, membre des tribus de Dana lui apparut. Merveilleux et plein de noblesse, il lui annonça la naissance prochaine d'un nouvel enfant qu'elle devra prénommer Sétanta, et lui offrit comme compagnons de jeux les deux poulains que les Ulates avaient ramenés de leur première expédition. Et ainsi naquit celui qui allait devenir Cûchulainn, fils de Lug, dieu suprême, et de Eithne, mère de tous les dieux.

Son père adoptif, Amorgen lui instruit la poésie. Fergus lui enseignant l'art de la guerre, Sencha la sagesse, Cathba, Aifa et Skatha lui aprennèrent la magie. Précoce, après sa première fugue Setanta se vit garant et protecteur des enfants d'Emain Macha dès l'age de 5 ans.

Comme chaque année en Ulster, un grand vassal réceptionnait Conor et ses proches. C'était cette année là, le tour du forgeron Culann. Peu fortuné le modeste homme demanda à Conor de restreindre le nombre de ses invités. A son départ, le roi et ses gens s'arrêtèrent, admiratifs devant l'habileté au jeux, de Sétanta. Seul contre les 15 fils de Conors, il ne cessait de gagner. Impressionné, Conor l'invita à se joindre au festin. Mais empli d'orgueil, Setanta voulu finir ses jeux, et assura son oncle qu'il rattraperait le convois.

ûéûé La propriété de Culann était gardée par un chien redoutable, un animal qui n'avait pas son égal dans toute l'Irlande par sa férocité et sa force. C'est équipé de sa simple balle, que Sétanta pénétra dans la propriété, ne se doutant pas que, tapit dans les buissons allait surgir le chien de Cullan tous crocs dehors. Alors un cri déchira toute l'Irlande. Culann et ses convives ne pûrent que constater le corps disloqué du chien traversé de part en part par la balle de Sétanta. Dépossédé de ce qu'il avait de plus cher Cullan pleura le sort qui s'abattait sur lui. Conscient du mal qu'il avait fait, en dédommagement, Sétanta s'engagea à protéger les biens du forgeron comme le faisait le chien, en attendant qu'un animal issu de la semence de celui-ci soit retrouvé. C'est depuis ce temps que sur la décision du druide Cavad on nommerait le fils de Dechtire, Cûchulainn.

Lorsque Cûchulainn devint un homme, il s'illustra très rapidement au travers de nombreuses batailles. On lui prête alors une force démultipliée, ainsi que des pouvoirs magiques sans borne. Cûchulainn utilise notamment ce que l'on appelle le gae bolga, une espèce de javelot-foudre qui porte un coup nécessairement fatal à l'ennemi. Outre ce pouvoir, Cûchulainn est connu pour pouvoir prendre toutes les apparences qu'il souhaite, et est également réputé pour sa grande intelligence et sa connaissance de toute chose.

Il doit tout ces pouvoirs à la grande magicienne Scáthach, qui lui apprit tout ce qu'elle savait en Ecosse. Entre temps, Cûchulainn épousa sa fille Uatach, puis Emer, et entretint une relation divine avec Fand.

Les plus grands exploits jamais réalisés par Cûchulainn sont contés dans le texte de "La Razzia des Vaches de Cooley", (Táin Bó Cúailnge en gaélique), l'un des textes fondateurs de la mythologie celtique irlandaise. Cûchulainn y affronte l'armée de la reine Medb (aussi connue sous le nom de reine Maeve), qui lança ses troupes à l'assaut des Ulates pour s'emparer d'un taureau brun par la force. Cûchulainn assassina par 100 les soldats de la reine, décapitant un par un quiconque souhaitait l'affronter. Sa force et son courages fûrent tels, que la reine Medb fput obligée de battre en retraite après des plusieurs semaines d'affrontements.

Ses exploits en feront le Lancelot irlandais, en un peu moins romantique tout de même. Sa position de demi-dieu, implique que sa vie soit régie par des règles magiques (geis) comme, l'interdiction de refuser une invitation à un repas, ou l'interdiction de manger du chien. Ce qui le perdra.

En effet, sa mort fut lié au destin de la reine Medb, son ennemie de longue date.

Celle-ci s'employa à convaincre trois sorcières borgnes de l'œil gauche, de l'aider à le terrasser. Alors que Cûchulainn passait une vallée, il rencontra les trois sorcières, autour d'un feu au-dessus duquel étaient rôtis des cuissots de chiens sauvages. S'apercevant qu'il s'agissait d'un piège, il voulut détourner sa trajectoire. C'est alors que Bov (l'une des sorcières) saisit la broche et attaqua Cûchulainn. Dans l'attaque, une goutte de sang empoisonné l'atteignit au flanc et toucha sa monture, le Gris de Macha.

Après cela, Bov invita le héros à se joindre au repas. Il refusa, puis répondant à son geis de ne jamais refuser une invitation, il dut partager leurs repas. Ses forces l'abandonnèrent et de fureur il dégagea son épée et décapita les trois sorcières.

Arrivé à la plaine de Murthemé, Cûchulainn se retrouva face à la forteresse occupée par les hommes d'Irlande. Un premier javelot ramené de l'enfer tua Loeg, compagnon de Cûchulainn. Le deuxième javelot empoisonné blessa le Gris de Macha. Et c'est le troisième javelot tout aussi magique, décoché par Lugaid qui transperça le corps de Cûchulainn. Son char alla se jeter dans le lac Lough Tonchuil, situé en contrebas le la plaine, l'eau se mit alors à bouillir. Il se désaltéra, les mains plaquées contre son ventre pour empêcher la fuite de ses entrailles. Puis, dans un dernier effort, il gagna un pilier de pierre dressé un peu plus haut et s'y attacha à l'aide de sa ceinture.

Le Gris De Macha défendit son cavalier jusqu'au bout tuant de ses sabots 30 guerriers. Des oiseaux blancs vinrent se percher sur les épaules de Cûchulainn puis ce fut le tour d'une corneille (apparence animale de Moriganne, déesse de la mort) de se poser sur sa tête. Alors Lugaid passa derrière la pierre et trancha la tête de Cûchulainn, mais son épée retomba sur le bras de son vainqueur et lui sectionna la main. Les hommes d'Irlande coupèrent la main droite de Cûchulainn. Et ainsi finit le héros aux cent combats.

 

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